On me pose souvent des questions sur la création de Pomm’Poire et sur la création d’entreprise plus généralement.
Quelles compétences ? Quelles qualités ? Quelles études ?
Ces questions émanent souvent de jeunes nanas pour qui entreprendre dans la mode constitue une sorte de rêve. Lorsque j’essaie d’expliquer mon parcours j’ai toujours l’impression que je ne dois ma relative réussite qu’à la chance. Celle d’avoir rencontré les bonnes personnes au bon moment, celle d’avoir rencontré mon marché avec le bon produit.
Si j’essaie d’être plus objective, je pense qu’en effet j’ai eu beaucoup de chance, un peu de mérite sans doute, mais surtout j’avais les bonnes cartes en main.
Avoir ça dans le sang
L’entrepreneuriat est inscrit dans mon ADN.
D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours projetée à mon compte. Je n’ai jamais été faite pour le salariat. Je m’ennuie trop vite, j’ai du mal avec les codes de l’entreprise, avec la hiérarchie, l’autorité. J’ai été élevé dans une famille d’entrepreneurs, j’ai vu mon père travailler énormément, rentrer tard chaque soir, bosser le weekend. C’est naturel pour moi. J’ai la chance d’avoir une énergie et une capacité de travail au-dessus de la moyenne (du moins avant ce foutu cancer !).
Et étrangement, malgré un syndrome de l’imposteur bien installé je n’ai pas peur de grand-chose.
Avec le recul je constate que la faculté d’entreprendre n’est pas forcément liée aux compétences ou au talent. J’ai des amis brillants qui ne sont pas entrepreneurs pour un sou. Cette aventure n’est pas faite pour tout le monde, et ça n’est pas un drame.
Métro, boulot, dodo
Au début de l’aventure Pomm’Poire je bossais nuit et jour. Il me semblait inimaginable de laisser un message de client sans réponse quelques heures. Le moindre bug technique prenait des proportions incroyables. J’avais l’œil sur chaque détail, j’avais besoin de tout maîtriser. Même la nuit quand je dormais j’avais l’impression d’être en train de courir un marathon. Je ne faisais que bosser.
Je n’ai pas déconnecté vraiment pendant plusieurs années. J’ai le souvenir de weekends entre potes durant lesquels je me levais avant les autres malgré la gueule de bois pour répondre au service client. De mise à jour de flux dans un bus à Stockholm. D’un call improbable depuis le Cambodge.
J’avais l’impression que rien ne pouvait attendre. Que j’étais en quelque sorte irremplaçable.
Évidemment ces deux assertions étaient totalement fausses !
Mais quand on entreprend, sa boîte c’est son bébé et on la fait souvent passer avant tout le reste, parfois au détriment de son équilibre personnel.
L’insécurité
L’entrepreneuriat c’est aussi savoir composer avec l’insécurité. Les salariés oublient souvent à quel point leur statut est confortable. Être à son compte c’est risquer la faillite, c’est avoir des gens qui dépendent de nous, c’est faire une croix sur une couverture sociale et un système de retraite sécurisant, quoi qu’on en dise.
Il faut néanmoins reconnaître qu’en France nous avons accès à beaucoup d’aides quand on monte sa boîte. Le fait de pouvoir toucher des allocations chômage pendant les premières années d’activité change beaucoup de choses et ouvre la porte de l’entrepreneuriat au plus grand nombre.
Notre système, s’il est loin d’être parfait, est tout de même très généreux.
Les compétences clés
La réussite de Pomm’Poire repose également sur le fait que notre quatuor d’associés maîtrise toutes les compétences clés du métier. Quentin et Tanguy sont des cadors du produit, Alex et moi sommes des vieux briscars du e-commerce et du marketing.
Ça paraît évident dit comme ça mais de nombreux échec sont liés au fait que le porteur du projet ne maîtrise pas son cœur de métier, doit le sous-traiter et se met alors en risque.
Alors quand on me demande conseil sur la création d’entreprise je réponds souvent trois choses : il faut être fait pour entreprendre, ne pas avoir peur de bosser beaucoup et maîtriser le cœur de métier de son business.
Y’a plus qu’à !
– Article écrit par Anne