Prends soin de ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester.
– Gandhi
Ceux qui me connaissent un peu savent que j’aime profondément utiliser ce corps qu’il m’est donné d’habiter dans cette vie.
Yoga, running, escalade : ma pratique sportive est aujourd’hui une composante essentielle de mon équilibre.
J’ai besoin de me sentir affutée, de sentir mes muscles sous tension.
Je prends plaisir à avoir des courbatures, à être fatiguée physiquement.
Ça me prouve que j’ai bossé, que mon corps répond à l’appel. Ça me prouve surtout que ce corps est vivant et fonctionnel !
Si, depuis plusieurs années, le sport et moi vivons une relation passionnée, cela n’a pas été toujours le cas. Notre histoire d’amour a connu des hauts et des bas.
Enfant, puis adolescente j’habitais vraiment mon corps sans me poser aucune question, j’étais très sportive même si je ne pratiquais que des sports individuels : gymnastique, roller, danse classique, modern jazz, natation, un peu d’athlétisme quand vraiment y’avait pas le choix. J’adorais les barres asymétriques et le sol (j’étais mauvaise à la poutre : déjà à l’époque mon équilibre, quel qu’il soit, laissait à désirer !), je faisais d’ailleurs pas mal de compétitions avec l’équipe de mon collège. Nous nous entrainions presque tous les midis dans la chapelle désacralisée de Saint- Adrien, convertie en gymnase !
En revanche j’oubliais systématiquement mon sac de sport quand il s’agissait d’un match de foot, de handball ou pire encore de rugby ! Petite, menue, incapable de réceptionner une balle, j’étais de toute façon toujours la dernière à être choisie quand les capitaines devaient former les équipes. Et honnêtement avec le recul, ça n’était que justice vu le handicap que je représentais en sport co !
J’en rigole aujourd’hui mais ces petites humiliations ont laissé des traces dans ma psyché et j’y pense encore parfois aujourd’hui.
Le traumatisme de ne pas être choisi(e)….
Je t’aime moi non plus
Jeune femme, j’ai continué un temps le modern jazz, puis j’ai peu à peu remplacé les chorégraphies des cours de danse par les sorties en boîte. Moins chorégraphié certes, mais tout aussi épuisant ! (J’avais arrêté la danse classique quelques années auparavant, effarée par mon reflet ridicule en tutu : trop athlétique, pas assez fine, ça n’était plus possible.)
J’ai ensuite pratiqué le sport « pour l’hygiène » dans diverses salles pendant de longues années, en mode « je t’aime, moi non plus » : body-pump, step, cycling, un peu de pilates. Ça ne m’amusait pas plus que ça mais je savais qu’il était important d’entretenir mon body.
Chaque année en septembre je cassais ma tirelire pour prendre un abonnement illimité dans une nouvelle salle de sport (ben oui vu que j’ambitionnais d’y aller minimum 3 fois par semaine c’était bien plus rentable !), et chaque année en décembre j’oubliais le chemin de la salle !
Que celle qui n’a jamais souscrit un abonnement annuel pour y aller 3 mois me jette la première basket !
Coup de foudre à la verticale
Mon premier coup de foudre sportif d’adulte a été pour l’escalade. Cette discipline, aussi élégante que la danse, demande de la réflexion, de l’endurance, du self-contrôle, un bon équilibre poids/puissance. Avec mon petit gabarit et ma souplesse j’ai rapidement atteint un niveau honorable, et j’étais vraiment mordue.
Jusqu’à ce que le cancer du sein ne fasse sa première apparition en 2008.
Pour éviter que les cellules cancéreuses ne se propagent ailleurs que dans mon sein, j’ai alors subi un curage axillaire (ablation de la chaine ganglionnaire qui se trouve dans l’aisselle). Si l’opération s’est très bien déroulée, le chirurgien et l’oncologue m’ont tout de même déconseillé de continuer à grimper et de solliciter mon bras du côté opéré (ça c’était à l’époque car aujourd’hui les médecins s’entendent généralement pour dire que, selon les patients, leur condition physique avant l’opération, leur connaissance de leur corps etc… l’activité physique, y compris la grimpe, peut et même doit perdurer). Bref me voilà donc privée d’escalade. C’est un coup dur à encaisser.
A ce moment de mon texte je m’aperçois que j’étais partie pour vous parler de ma passion pour les fringues de sport. J’étais partie pour vous faire 300 mots sur la motivation que m’apportait un nouveau legging. C’était l’idée de base et je me suis emballée. Il faut croire que parler de sport me transporte vraiment !
Bref, donc, privée d’escalade, je traverse une période de disette sportive. Un peu de running, un peu de fitness. Rien de foufou. Avec les chimios et la paresse je prends quelques kilos, je tombe dans le cercle vicieux du désamour de son corps et de l’abandon de l’activité physique. Puisque le sport se propose de mettre en mouvement ce corps que tu n’aimes plus et que précisément tu cherches à oublier, tu arrêtes de le mouvoir pour ne plus le voir.
Une solution miracle ?
C’est à cette période que je découvre et adopte une stratégie miraculeuse : m’offrir une nouvelle tenue de sport pour me motiver à sortir courir/aller à la salle. Pour moi, comme pour la plupart des nanas je vous assure, ça marche ! Quand on a une nouvelle brassière, un legging à la coupe flatteuse, LA paire de running qui va bien, on se sent belle et forte. Et on a envie de le montrer au monde entier.
Ok je l’avoue c’est une stratégie peu durable car malheureusement on se lasse vite et le legging tout neuf ne fait bientôt plus le poids face à une série Netflix ou un apéro en terrasse.
Si, intuitivement, on sait bien que bouger notre p’tit cul et faire du sport est foncièrement bon, nous autres, créatures frivoles, préférons le faire avec grâce et élégance, dans une tenue technique mais mode, tout simplement parce que ça nous motive et que ça booste notre ego. Comme toujours avec les fringues, cela revient à revêtir le bon uniforme. C’est comme un sentiment d’appartenance j’imagine. Comme une tentative de faire mentir l’adage « l’habit ne fait pas le moine ».
(Petite digression : pour cette même raison ultra superficielle, je serais incapable de faire du cyclisme. J’adore le vélo mais je n’imagine pas une seule seconde me « déguiser » avec un casque qui donne une tête de prépuce et une couche dans mon caleçon !)
Aujourd’hui ma relation au sport, au mouvement, au corps, est radicalement différente. Si je suis entrée dans le yoga par le biais de la pratique sportive, j’en ai aujourd’hui une approche et une connaissance beaucoup plus holistique. C’est une longue histoire, un chemin sinueux, et ça pourra faire l’objet d’un autre billet !
Mais force est de constater que je reste addict aux fringues de yoga et que je prends un véritable pied à pratiquer dans une tenue sexy et confortable (mais en toute conscience !).
Fashion victim un jour, fashion victim toujours…
– Article écrit par Anne